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CHOPIN, l'homme, sa vie, son oeuvre

Sylvie OUSSENKO

Préface : Dominique FANAL

Quand mon amie et partenaire de longue date - cantatrice et écrivain - Sylvie Oussenko m'annonça qu'elle aurait un livre à écrire sur Frédéric Chopin, une petite voix intérieure s'éleva en moi, non sans cette malice un peu perverse qui vous pousse à parfois vous moquer de vos propres amis, et, comme La Bruyère - si mes souvenirs sont exacts - nous l'assène perfidement en liminaire de l'un de ses plus célèbres chapitres des Caractères, c'est « tout est dit et l'on vient trop tard » qui me revint soudain à l'esprit.

Rubinstein et notre Samson François lui-même, et Bernard G avoty, Marcel Beaufils, Jean Rousselot, Camille Bourniquel, Alain Duault - sans compter le remarquable abbé Carl de Nys - n'ont-ils pas déjà tout dit et écrit sur Chopin (et nous en omettons mille autres) ? Nos bibliothèques sont pleines, déjà, d'écrits, d'études, de critiques, d'analyses, d'enquê­tes sur la vie et la musique de « l'homme de Nohant », de lettres en tous genres (une Correspondance de Marie d'Agoult et de George Sand fut récemment publiée), voire de romans à l'eau de rose parfois inspirés de l'existence même (assez peu commune) de Frédéric Chopin.

Il fut tant écrit, en vérité, sur lui.

Il faut dire que le compositeur - comme son œuvre - a de quoi surpren­dre, de quoi charmer, de quoi intéresser, de quoi passionner.

En même temps, on a beaucoup simplifié et schématisé le parcours pourtant souvent sinueux de nos compositeurs romantiques d'outre- Rhin, voire d'outre-Vistule !

 

 

On a stigmatisé Beethoven et sa surdité, et on voulut en faire une sorte de vieux lion solitaire rugissant dans son coin entre deux amours malheureuses, on dépeint volontiers Schubert comme un syphilitique boutonneux hantant - en quête de quelque aventure, ou simplement à la recherche d'un bon saucisson arrosé d'un vin blanc viennois bien frais - les auberges de Grinzing, on simplif ie et réduit trop souvent Schu mann, au double visage de Janus, habité d'un Florestan et d'un Eusebius sans cesse querelleurs, et qui (déchiré entre lui et lui-même) finit par aller se jeter dans les eaux bouillonnantes de l'« unser Vater Rhein' », et Brahms, qui, toute sa vie, se mourut d'amour pour la belle Clara Wieck   géniale et virtuose épouse du précédent - et puis aussi Mendelssohn, qui, au regard de ses confrères hirsutes, fit office d'enfant sage, héritier d'une bourgeoisie israélite d'esprits brillants et surdoués, vivant dans l'amour de la musique et du piano, et la vénération d'un Jean-Sébastien Bach qu'il fit redécouvrir au monde. Et puis, il y a enfin ces deux inquié­tants géants (et génies) du piano-roi, qui se ressemblent si peu : Franz Liszt et Frédéric Chopin.

Liszt, homme brillant et mondain, qui fut le roi de l'estrade, la plaque tournante musicale et aussi la radio-télévision de son époque, qui révéla à ses contemporains sa propre musique (folle, agitée, souvent nouvelle et prophétique, parfois extérieure) et celle des autres (il multi­plia les transcriptions, celles, entre autres, des Symphonies de Beetho­ven ou de Berlioz...), qui fut applaudi sur les plus grandes scènes d'Europe, qui fit tourner la tête aux femmes - lesquelles firent tourner la sienne -, qui eut comme égéries les plus fameuses femmes d'esprit de son temps, de Marie d'Agoult à la princesse Caroline de Sayn Wittgenstein, mais qui finit en diable d'abbé Liszt, à la recherche de l'Esprit, de la Solitude et de Dieu. Le romantique des romantiques, le créateur fou de Rhapsodies aussi diaboliques qu'injouables, et parfois plus tziganes que hongroises, l'auteur des plus folles Études pour le piano (dites « d'exécution transcendante ») et de Transcriptions et Rémi­niscences d'après Rossini, Liszt ou Meyerbeer, finit sa vie au milieu des Via Crucis, Requiem, Psaumes et autre Légende de saint Christophe, et dans le culte de l'ascèse, avec des pièces étranges, parfois cosmiques, qui, tels les Lugubres Gondoles, Schlaflos (Insomniaque) ou Unstern (Étoile du malheur, inspirée par le passage de la comète de Halley !), annoncèrent, à leur manière, Fauré incontestablement, Debussy et Ravel sans doute, Scriabine sûrement. Comme on dira un siècle plus tard de Poulenc qu'il a en lui « du moine et du voyou », Liszt dit de lui- même : « Il y a en moi du Tzigane et du franciscain »...

 

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Chopin, l'homme, sa vie, son oeuvre

La mezzo-soprano Sylvie Oussenko et le chef d'orchestre manceau Dominique Fanal nous offrent un beau cadeau de fin d'année pour 10 € seulement !

Une vulgarisation intelligente de Chopin qui passionnera à la fois les inconditionnels du pianiste compo­siteur et ceux.qui ne le connaissent qu'à travers ses valses ou sa liaison avec George Sand.

En musicien averti, Dominique Fanal, tord le cou aux idées reçues, aux images d'Épinal, « aux niaiseries dites sur Chopin, comme sur Schubert ou Beethoven ! »

Et il s'appuie sur son expérience de pianiste-ôhef d'orchestre pour nous introduire dans la richesse de sa musique.

Sylvie Oussenko retrace le par­cours intime et musical de Chopin en le restituant dans son contexte. La plume est claire et précise. Elle progresse chronologiquement en intercalant judicieusement cita­tions, références historiques et mu­sicales, glossaire .jusqu'au cahier de correspondance entre Chopin et George Sand.

Un CD d'une heure de musique accompagne le livre.

Pratique. Chopin, Sylvie Oussen­ko et Dominique Fanal, éditions Eyrolles -10 €.


J.R. (Ouest-France)


Directeur de la publication : A.D.O.R.A.M.U.S - Septembre 2012 -