Présentation par J. MARTIN
Le programme de ce concert nous permet d'aborder les différents aspects de l'œuvre de Mozart, de sa prime jeunesse aux derniers instants avant sa mort, en particulier dans le domaine religieux.
La sérénade n°13 en sol majeur K. 525 dite Une petite musique de nuit a été jouée en août 1787. Cette dernière sérénade composée par Mozart respire la joie par la spontanéité de son chant allègre autant que par la perfection dense et délicate de ses formes, pourtant écrite peu de temps après la mort de son père. Ne résonne-t-elle pas en fait comme un écho attendri à certaine heures heureuses de son adolescence ? Elle est de ce fait un point de liaison entre deux périodes de la vie de Mozart, celle passée lors de son adolescence à Salzbourg, puis de sa maturité développée à Vienne après l'année 1781, dont on entendra ce soir plusieurs témoignages
C'est ainsi que s'inscrit l'Offertoire « Sub tuum praesidium » K. 198 écrit en 1773 pour deux voix de femmes et orchestre à cordes, remarquable par la grande variété de la distribution, de la forme et de sa composition, écrit à son retour d'Italie, alors qu'il allait se trouver, à 17 ans, enfermé à Salzbourg, au service de Colloredo
Les Litanies de Lorette (Litaniae Lauretanae de Beata Maria Virgine) K.195 sont écrites en mai 1774 dans cette période salzbourgeoise afin de répondre aux demandes de son employeur, le Prince-Archevêque Colloredo. Elles sont d'origine mystérieuse. Certains émettent l'hypothèse que ces longues invocations n'ont pas d'origine biblique, mais viennent plutôt de la poésie latine médiévale, ou de l'Hymne acathiste byzantine à la Mère de Dieu. On pense que leur histoire est liée à celle de la Sainte Maison de Lorette , maison de la Vierge Marie, qui fut légendairement transportée depuis la terre sainte vers la ville de Lorette devenue sanctuaire marial. Ces litanies sont importantes pour les sœurs carmélites . Les litanies à la Sainte Vierge sont l'une des cinq litanies autorisées dans la liturgie
Nous en entendrons les trois derniers versets, sur les cinq qu'elles comportent : Salus informorum, Regina angelorum (pour ténor, quatuor de soliste et chœur), et Agnus Dei (pour soprano, quatuor de solistes et chœur).
Le Laudate Dominum est extrait des Vêpres d'un Confesseur K.339, écrit en mars 1780, œuvre écrite par Mozart peu avant de quitter Salzbourg. Ce passage se détache de l'ensemble de cette partition écrite dans un style plutôt académique et mondain, par l'intensité expressive apportée au texte.
Huit ans plus tôt, peu après la nomination de Colloredo au titre de Prince-Archevêque, le 14 mars 1772, Mozart, alors âgé de 16 ans, composait, en mai 1772, la Symphonie n°17 (K.129). Celle-ci fait partie des 8 symphonies dites Salzbourgeoises.
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Ecrite en mars 1779 , La Messe solennelle n°14 en ut majeur, dite du Couronnement (K.317), inaugure une autre voie expressive que Mozart employait jusqu'alors dans ces compositions d'église en privilégiant un souci permanent de l'expressivité d'ensemble (sinon pour chaque parole) avec plus d'ampleur symphonique et de solennité monumentale, dans un esprit moins enfantin (ou moins mièvre) et plus viril. Ce dont Mozart est avant tout soucieux, c'est d'unité et de puissance. Ainsi, dans l'Agnus Dei, la soprano solo médite sur le Christ en croix et le péché.
Mozart écrivit cette messe à l'âge de vingt-trois ans, lors d'un moment de profond désarroi, sur une commande de l'archevêque de Salzbourg Hieronymus von Colloredo-Mannsfeld qu'il détestait.
Après la mort de sa mère à Paris où il reçut un accueil glacé et vivant une grave déception amoureuse avec Aloysia Weber , Mozart était en proie à de graves ennuis financiers. En janvier 1779, il se voit obligé de rentrer à Salzbourg afin de reprendre son poste de Konzertmeister . Mozart aurait alors écrit la Messe du Couronnement, datée sur le manuscrit du 23 mars 1779 , en l'honneur de la fête commémorative annuelle du Couronnement de la Vierge miraculeuse, tableau ayant échappé à un incendie en 1744 au sanctuaire baroque de Maria Plain en Autriche , le cinquième dimanche après la Pentecôte , et qui fut aussi vénéré à Salzbourg au XVII e siècle. Cette messe fut jouée pour la première fois à Pâques en 1779 dans la cathédrale de Salzbourg. Une autre légende veut que la messe porte ce nom, donné à une date ultérieure de sa création au XIX e siècle, du fait qu'elle ait été donnée lors du couronnement de deux princes, celui de Léopold II , Roi de Bohême à Prague , le 6 septembre 1791 , en présence de Mozart, et par Salieri en 1792, lors du couronnement de François III de Bohême , le futur François I er d'Autriche . Mozart emportera le manuscrit à Prague . Selon une source, Haydn aurait lui aussi dirigé la messe du couronnement de Mozart à la demande de l'épouse du prince Esterházy , qui l'avait entendue lors du couronnement de Léopold en 1791.
Analyse musicale
Le solo de l'Agnus Dei, annoncerait l'air Dove Sono de la Comtesse dans Les Noces de Figaro . « Une des plus célèbres mélodies de l'œuvre religieuse de Mozart est certes l'aria de soprano de l'Agnus Dei. Mozart la réutilisera dans le fameux air "Dove sono" de la Comtesse au cœur des Noces de Figaro , rapprochant ainsi la femme qui se souvient de l'amour blessé et le Créateur s'apitoyant sur l'Agneau (ce n'est pas la seule fois où le sacré fait irruption dans les opéras de Mozart !). Après la voix soliste, en une magnifique procession, de la joie intérieure à la jubilation contagieuse, monte le magistral crescendo expressif et dynamique du "Dona nobis pacem". Le thème de la paix qui s'élève alors n'est autre que le motif lyrique du Kyrie. Cet allegro con spirito où alternent chœur et solistes, déploie avec l'aide des cuivres en fanfares, le brillant et le faste d'un grandiose final d'opéra »
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